La Fondation doit son nom à une figure de tout premier ordre de l'histoire tournaisienne.
Pasquier Grenier fut le plus célèbre des tapissiers tournaisiens. C'est grâce à la famille Grenier que Tournai devint, en Occident, le centre le plus important de l'industrie tapissière durant trois quarts de siècle et y perpétua sur une haute échelle, la production artistique.
Pasquier Grenier, personnage très influent de la ville, faisait partie de la noble confrérie des Damoiseaux. Il fut un grand homme d'affaires, un voyageur infatigable, un riche collectionneur et un diplomate avisé. Sa maison possédait des succursales à l'étranger, notamment à Bruges et à Guise. Il joignit à ses entreprises le négoce des vins. Ses fils, Antoine et Jean, puis d'autres membres de sa famille lui succédèrent.
Reçu à la bourgeoisie en juillet 1447, il est mentionné dans trois actes de vente en 1449, comme "marcheteur", c'est-à-dire fabricant de tapisserie à la marche. Il fit construire à ses frais en 1464 le déambulatoire et les trois chapelles arrière du choeur de l'église St-Quentin, sa paroisse, où il logea sa chapelle funéraire encore existante.
Grâce à la perfection et à l'attrait de ses travaux, Pasquier Grenier fut un des grands fournisseurs attitrés de la Maison de Bourgogne. En 1459, il vend à Philippe le Bon une "Histoire d'Alexandre ». Elle est citée au nombre des tapisseries les plus somptueuses du trésor de Bourgogne. Deux pièce en ont été conservées et appartiennent au Prince Doria à Rome. En 1461, le duc lui achète une "Passion de Notre-Seigneur » et une chambre de tapisserie avec des paysans et des bûcherons. En 1462, "Histoire d'Esther et Assuérus" et "Chevalier au cygne", sur carton de Jacques Daret; en 1466, chambres "Orangers" et "Bûcherons" pour la duchesse de Bourbon et la duchesse de Gueldre. En 1472, ses ateliers produisent la tapisserie de la « Guerre de Troie" offerte par les magistrats du Franc de Bruges à Charles le Téméraire, en souvenir de son mariage avec Marguerite d'York.
La plupart de ces mentions ne correspondent pas seulement à des références d'archives, mais à des tentures dont il existe des spécimens connus et étudiés. Ces oeuvres généralement uniques constituent des têtes de séries. Elles permettent de fournir quelques précisions et des points de repère en vue de l'examen complexe et difficile de la production de Tournai entre 1450 et 1475.
En 1475, Pasquier Grenier donne à l'église St-Quentin une tapisserie des « Sept Sacrements ». L'étude de certaines parties de cette oeuvre retrouvée en Angleterre permit à certains spécialistes d'émettre l'opinion que l auteur s'y est fait représenter avec les membres de sa famille.
C'est à Pasquier et à Jean Grenier que Henri VII d'Angleterre achète une tenture de 11 pièces de tapisseries sur l'Histoire de Troie en 1488.
Les dix dernières années de la vie de ce grand bourgeois furent occupées par les missions politiques que lui confia le Magistrat de Tournai. En 1479, il entre en négociation avec Olivier le Daim, favori du Roi de France pour une affaire intéressant la commune. En 1481, il est envoyé par elle en députation auprès du Roi de France. En 1482, la veuve de Monsieur de Lude fait valoir le crédit dont il jouissait auprès du Magistrat pour obtenir de celui-ci la tapisserie promise à son mari. Son testament ne renferme pas d'autres mentions intéressantes pour la tapisserie que celles relatives aux cartons qu'il possédait encore et qu'il laissait en partage à ses fils Jean, Imbert, Colinet et Antoine. Pasquier Grenier mourut en 1493.
Références bibliographiques.
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